Thursday 22 May 2008

Allo?

Alors que j'attendais le retour de ma bien aimée avachi dans mon canapé, mon téléphone portable vibra : Oui, monsieur Espinasse, c'est Arnaud Sgambato, responsable du recrutement en Louisiane, vous avez un téléphone fixe? Quitte à passer pour un bourgeois, je lui ai en effet confirmé que j'avais un téléphone fixe. C'est amusant, à chaque fois que je reçois un coup de fil important, j'ai le réflexe de me lever et de me tenir bien droit comme si la personne à l'autre bout du fil me voyait. Pendant la durée de la conversation, je marche alors dans tout l'appartement m'arrêtant de temps à autres pour lancer un Oui, bien sûr ou un bien entendu; parfois, lorsque je veux me concentrer encore plus, mon regard se pose sur un objet ou un meuble. J'étais donc en train de fixer mon frigo lorsque j'appris la nouvelle: Vous partez pour Lafayette, la 2ème ville la plus touristique de l'état, par contre, il faut savoir que votre établissement est dans un quartier difficile avec des élèves défavorisés. Etant donné votre expérience avec les petites classes nous avons pensé à vous pour l'école primaire.
Mr Sgambato avait notamment pris en considération le fait qu'Alice allait devoir trouver un travail et qu'il aurait été regrettable de nous envoyé au fin fond de la campagne Louisianaise.
Huit mois après nos premières envies de départ, nous pouvons enfin répondre pleinement à la question: "Alors, vous partez où?".
Mikaël

Saturday 17 May 2008

Vous êtes prêts?

18 mai 2008, le départ pour la Louisiane est confirmé: une réunion à Bâton Rouge le 29 juillet et deux, voire trois trucs à régler: résilier nos forfait SFR/ Résilier la freebox/ l’assurance de la voiture/ l’assurance de l’appart/ Prévenir les impôts/ Trouvez ou mettre les meubles/ prévenir le proprio qu’on quitte l’appart/ Vacciner les chats histoire qu’elles passent la douane/ prévenir nos employeurs/ nos collègues/ obtenir notre permis de conduire international/ Vendre la Peugeot 205/ Quels comptes à clôturer à la banque ?/ prendre rendez vous chez le dentiste/ ophtalmo histoire de pas avoir à le faire aux States/ remplir les formulaires pour les visas/ prendre rendez vous à l’ambassade américaine/ anticiper le retour.

Croyez-moi, si j’étais pas un mec super organisé, je serais un ptit peu stressé en train de jouer avec mon épaule façon Nicolas Sarkozy.

Méfie toi de tes rêves car ils risquent bien de se réaliser

Friday 16 May 2008

Date butoire...

A moi de reprendre le flambeau...

Le Liban... La lettre de refus est partie 2 jours après l'offre. La déception est toujours là. Mais nous ne voulons pas partir à n'importe quel prix. Partir pour partir n'est pas notre but. La situation politique de ce pays nous parait ingérable durant une année. Comme si nous avions besoin d'un confirmation d'avoir pris la bonne décision, la situation du pays s'est gravement détériorée ces derniers jours et je pense que notre départ aurait été remis en cause. Je suis très attentive aux signes et si ce n'en est pas un....

La semaine dernière, en parallèle, Mikaël a reçu une réponse de sa candidature pour un poste de prof de français en Louisiane aux Etats Unis. Et quelle surprise nous avons eu de voir que son nom apparaissait sur la liste des 32 reçus!!! Ils étaient 400 candidats, quelle fierté!!!
Mais voilà d'autres questions qui se posent... Partir en coopération avec le désir d'être utile et de donner de sa personne ou partir pour soi dans un pays comme les Etats Unis. Deux choix de vie diamétralement opposés. Nous avons décidé de laisser le destin choisir pour nous...

C'est là qu'arrive la date butoire qui va déterminer notre prochaine année... En effet, notre désir de découvrir et de vivre en Afrique noire reste notre souhait le plus fort. Donc nous attendons une autre proposition de l'association jusqu'au 15 mai. Si nous n'avons rien à cette date... c'est parti pour la Lousiane!!!!

Notre bonne étoile nous a toujours accompagnée jusqu'ici.Quelque soit le chemin que l'on prendra ce sera avec conviction et détermination.

Bref on verra et in shallah!

Le Liban.


Ca y est, on a enfin reçu la réponse de notre O.N.G. Hélas les cris de joie qui auraient dû suivre l'annonce de notre vie future ont laissés place à des silences de réflexion. Ils nous envoient au Liban Alice - Oh non....! La réaction d'Alice ressemblait fortement à mon soupir de déception lors de la lecture de notre proposition de poste sur ma boîte mail. Des aprioris sur le Liban, on en avait mais ce qui nous laissait sans voix avant tout, c'était de ne pas partir en Afrique noire. Cette Afrique qui nous semblait de plus en plus proche venait soudain de disparaitre sous nos yeux.
Le poste était à Tripoli à 82km au nord de Beyrouth, dans un lycée technologique pour enfants déshérités; ce poste était parfait mais il se situait dans pays où on avait jamais imaginé ni même souhaité mettre les pieds. Sommes nous réellement fait pour partir en tant que coopérants? Est-ce égoïste de notre part d'hésiter au dernier moment? Ca y est, la machine était lancée: nous qui étions déjà bombardés de questions, on se retrouvait avec d'autres questions encore plus terribles car celles-ci pouvaient mettre un terme à notre projet, jusqu'à l'existence même de ce blog.

Méfie-toi de tes rêves car ils risquent bien de se réaliser.

Méfie-toi de tes rêves car ils risquent bien de se réaliser, une phrase que j’avais dû lire au dos d’un paquet de céréales ou entendre dans une série américaine lancée par un personnage surexploité. Méfie toi de tes rêves, ces mots m’étaient soudain revenu à l’esprit quelques jours avant de recevoir la lettre d’affectation de notre O.N.G (la Délégation Catholique pour la Coopération), car il risque bien de se réaliser ces mots que j’avais toujours eu du mal à comprendre, avaient cette fois ci un sens très concret et trouvaient très logiquement leur place dans notre projet.

Et si on se trompait, et si notre envie d’exotisme n’était pas liée à une vision truquée de l’Afrique, une vision liée à un regard jusqu’ici de touristes. Vous savez, les gens sur place ne vous attendent pas – ils n’ont pas besoin de vous – vos postes peuvent être le plus souvent occupés par des locaux – quitte à aider des personnes autant aider la population que vous comprenez le mieux : la votre. Alors oui, avec les jours qui passent, on se surprend de plus en plus à se méfier de nos rêves africains. C’est amusant mais pendant les weekends de formation, ils passent la moitié du temps à essayer de nous démontrer à quel point la vie sur place peut être dur et l’autre moitié du temps ces mêmes formateurs nous parle avec les yeux qui brillent 10 ans après d’un séjour qui a changé leur vie. Ils ont tellement utilisé le verbe changer qu’ils en ont relativisé le sens : C’est pas vraiment qu’on change car on reste toujours les mêmes, mais au fond, à l’intérieur de toi quelque chose a changé. Une ex-coopérante qui a enseigné 2 ans en Egypte allait dans ce sens c’est vrai que je suis resté la même malgré ces rencontres mais cette expérience m’a permis d’avoir une opinion plus tranchée sur plusieurs faits de société.

Alors on attend, on attend le courrier qui nous indiquera où on va passer les 12 prochains mois de notre vie. Hier, on a reçu un coup de fil de la D.C.C qui souhaitait savoir si Alice se sentait capable de gérer l’administration d’un lycée technologique. Un appel qui a duré 5 minutes et autant d’heure à imaginer, penser, concevoir notre vie sur un continent dont on ignorait encore le nom. Vous partez ? où ça ? On sait pas, on attend

Vous partez, ou ça? On sait pas encore, surement en Afrique...


Oh, c’est super, j’aurais adoré faire ça !.. mais tu sais depuis que j’ai ma fille… Assia, professeur de physique.

Ah ba oui, c’est le moment ou jamais, parce qu’après c’est plus pareil…, vous avez raison profitez… » Martine, institutrice.

Ou ça ? Pourquoi faire ? Et l’appart ? et pour les meubles ? Vous avez pensé à vos chats ? Je pense que vous faites une bêtise d’envoyer tout bouler…. Josiane, ma maman.

Tu vas voir, c’est l’expérience d’une vie, mais je l’ai fait à votre âge pendant 2 ans et j’ai encore des contacts au Burkina. Ce sont de vraies amitiés. Tiens-moi au courant. Joseph, Professeur de musique itinérant au primaire

En Afrique ??? Mais pourquoi ? Avec ce qui se passe en ce moment ? J’vous préviens, si on vous prend en otage, je paierai pas la rançon… Georges, le papa d'Alice

Mais c’est génial, en plus vous partez enseigner, les conditions de vie ne devrait pas être trop dur, si tu veux travailler au centre avant ton départ,, n’hésites pas Olivier, directeur du centre aéré de Cormeilles.

Mais l’O.N.G avec laquelle vous partez est catholique, ils vont vous obliger à aller à l’église, vous êtes sûr que c’est pas une secte ? Sylvaine, la maman d'Alice


Tu sais, en Afrique, faut s’méfier, pour les gens t’es une pompe à fric, tu peux vite te faire avoir, vous êtes sûr que vous voulez pas juste partir 2 semaines au mois de juillet » François, mon papa

Moi, j’trouve ça super mais faut comprendre maman elle s’inquiète, c’est normal Sabrina, ma grande sœur

Et le retour ? vos voitures ? vos portable ? L’abonnement free box ? Mais vous aviez commencé à chercher un appart. Je comprends vraiment pas, tout ça juste après le mariage… Josiane, ma maman

« Mais vous vous plaisez pas chez nous ? » Mme Debats, professeur d’allemand, adjointe de direction 3ème/ 2nde

A une question qui n’était d’ailleurs pas formulée à savoir : qu’est-ce que vous en pensez ?, beaucoup répondait par d’autres questions auxquelles il nous était impossible de répondre. Des questions simples et très importantes qui trouveront leur réponse en temps voulu mais pour l’instant, la seule chose qui était visible de notre projet était notre envie de partir. Cette envie qui était perçu pour certains de nos proches comme un caprice d’adolescent, naïf et irréfléchi.

Notre démarche peut en effet donner l’impression que l’on fuit quelque chose : la routine du quotidien, la tristesse due au décès d’un proche, notre vie professionnelle. Mais ce n’est pas le cas, pour nous partir à ce moment là de notre vie, ce n’est pas fuir mais avancer, promouvoir l’idée que rien est figé.

http://www.ladcc.org/